jeudi 1 décembre 2022

Un intérêt patrimonial indéniable

Trois pièces parmi les plus anciennes  - XVI, XVII et XVIIIe siècles- ont été récemment rénovées. Il s'agit de ce que nous appelons " la chambre du cloître" parce que par une fenêtre nous le  découvrons, la vielle cuisine et l'office. Elles concernent les parties consacrées à l'intendance de l'abbaye et étaient occupées par les cuisinier(ère)s, les domestiques et autres personnels qui travaillaient.

Les travaux de peinture ont été réalisés à la chaux pour préserver l'authenticité. Le sol en tomettes, est très irrégulier, car le bâti a bougé à travers le temps : il n'a pas été touché, il est juste nettoyé au savon noir, et entretenu à l'huile de lin. Les plafonds sont à la française.

En un mot, et dit un peu trivialement , nous avons veillé à ce que cet ensemble reste

 " dans son jus".


Ces trois pièces correspondent à la partie ouest de la maison, jouxtant l'église


La Chambre du cloître 

Cette pièce, longeant l'étage du cloître dans sa partie ouest  - 5,30 m x 9,80 m pour 3,80 m de hauteur de plafond - devait être occupée par des domestiques. Antérieurement, elle permettait la communication avec  l'étage du cloître car on  y voit le cintre d'une porte renaissance. Par la suite, la porte a été en partie murée et transformée en fenêtre.





De la fenêtre qui donne sur la galerie ouest  du 1er étage on découvre l'ensemble du cloître.












La vieille cuisine 


De dimension imposante ; 9,80 m de longueur, 5,60m de largeur et 3,80m de hauteur de plafond elle comporte bon nombre d'éléments remarquables.



La porte d'accès à la cuisine depuis la galerie.
On voit le sol, parfois irrégulier,  en tomettes



















De beaux meubles anciens, qui de mémoire collective, ont toujours été présents dans cette pièce

















Sur cette maie ont été réunis des outils essentiellement de  menuiserie et agricoles 
















La cheminée avec, dans l'âtre et sur la gauche, son four à pâtisserie ; sur la droite le coffret en bois qui ouvre sur le mécanisme d'horlogerie entraînant la broche
















  Le tournebroche  est  entraîné par un mécanisme d'horlogerie




















Le long de la fenêtre, un imposant potager , l'ancêtre de la cuisinière . Des orifices à la surface étaient pourvus de creusets où des braises incandescentes prélevées de la cheminée maintenaient au chaud les plats … comme le potage. Il présente ses deux gueules , cendriers ou tombaient les résidus des bûches enfin consumées.













L'office

C'est une pièce triangulaire 5,70m x 6,70m x 5,80 m et de 3,80 m de plafond.



 
Fenêtre avec évier et petit potager ; magnifique passe-plat











Détail de la sculpture du passe-plat :  elle a été vraisemblablement réalisée au couteau par un domestique qui vivait là

 






L'évier permettait de jeter les eaux usées qui tombaient directement sur la place à travers la goulotte que l'on voit près de la fenêtre.
                                                 La goulotte abouche en façade et l'eau est reçue  sur la pierre inclinée en devers pour éviter une cavité sur le sol qui était en terre battue. Le devers évitait également que la partie basse du mur ne prenne l'humidité. 




Les photos sont zoomables et peuvent être téléchargées
Remerciement à l'UDAP du Puy en Velay pour ses conseils, ses encouragements et ses aides
Remerciements  à la SARL Fromage, qui a réalisé les travaux de peinture


Joël Lahaye, décembre 2022



vendredi 5 février 2021

Travaux dans la Chambre du Cardinal



Dans Le logis abbatial, l'ancienne pièce du Conseil de l'Abbesse est aussi appelée "Chambre du Cardinal". En effet, le Cardinal de Rohan chassé de la cour lors de l'affaire du collier de la Reine, s'est réfugié à l'abbaye de la Chaise Dieu et au  mois de juin 1786, il a passé au moins une nuit à l'abbaye de Lavaudieu et a dormi dans cette pièce qu'on appelle depuis "la Chambre du Cardinal". (voir notre article spécifique : " la Chambre  du Cardinal ")



Elle comporte un magnifique parquet marqueté au motif d'Arembert caractéristique de l'époque Louis XIV, murs et plafond en plâtres et gybseries, soubassements de boiseries peintes.
Au dessus de la cheminée et de chaque porte se trouvent de magnifiques peintures sur toile datant des XVIIème et XVIIIème siècles.

Exceptés les parquets marquetés, il convenait de rajeunir l'ensemble.

Etat avant restauration 

Les plafonds et les murs présentaient des fissures qu'il fallait bien combler. Certaines gybseries étaient absentes ou détériorées. Les toiles peintes étaient abîmées, empoussiérées et parfois déchirées.





Aspect de la toile peinte au dessus d'une porte, des murs et du plafond 


Les toiles peintes étaient fixées au mur par des semences

La toile peinte au dessus de la porte a été déposée et on remarque l'état des murs et plafonds


Peintures, plâtres, gybseries ont donc été rénovées









Les toiles peintes ont été déposées et restaurées en atelier 

Le protocole a compris un traitement de la planéité,  dépoussiérage, allégement des vernis d'origine, doublage des peintures par une toile naturelle en lin, mise en tension sur châssis, pose d'un vernis de fixation. Ensuite les toiles ont été fixées sur un gabarit en bois pour leur repose à leur emplacement d'origine.
La réversibilité totale des actions est garantie selon les principes de la Charte de Venise de 1964 signée sous l'égide de L'Unesco.





Le nettoyage des toiles a commencé
Détail sur le visage de Selene avant et après restauration





La peinture retournée permet de découvrir la toile de support : elle avait reçu une couche d'apprêt aux tons ocres qui permet la fixation de la peinture. Cette technique date formellement ces œuvres du XVIIème et XVIIIème siècles.
 Le châssis de tissage trop étroit a nécessité  un point de surjet pour réunir bord à bord deux éléments. Côté peinture, cette réunion reste quasiment invisible.


La repose des toiles



Il faut observer le châssis en bois servant maintenant à la fixation de la toile et découvrir les toiles restaurée.

La toile principale représentant le thème de Selene présentée par un ange à son amant terrestre le pâtre Endymion

Autre toile

La fixation au mur


La thématique des toiles

  • La toile principale est une scène de la mythologie grecque. Selene, déesse de la Lune, est présentée par un ange au Pâtre Endymion, son futur amant terrestre. 




Détails de la toile : Selene, l'ange, Endymion et son chien


 Selene, une histoire de famille …

Selene est la déesse de la Lune dans la mythologie grecque.

Ses parents sont deux Titans, les divinités primordiales et ancêtres des Dieux connus de l'Olympe. Ce sont des géants, enfants d'Ouranos, le Ciel, et de Gaïa, la Terre.

Douze Titans - les Titanides - sont les plus connus :

Thémis, déesse de la Justice

Phèbe, le Soleil

Céos, celui qui pense, symbolisé par la voute céleste

 

 Chronos, le Temps

 

Crios, qui symbolise l'Ouest

Mnémosyne, la Mémoire

Thétis, déesse marine qui épouse Océan

Océan, épouse de Thétis et père des 300 Océanides

Japet, celui qui précipite

Hypérion, celui qui est au dessus. épouse Théïa

Théïa, l'Eclat du ciel, la Brûlante, la Fougueuse, épouse Hypérion

Rhéa, épouse de Chronos et mère de Zeus

 

Hypérion, la lumière céleste, épouse sa sœur Théïa, L'éclat du ciel.

De leur union naissent trois enfants :

Hélios, le Soleil

Selene, la Lune

Eos, l'Aurore

 

Mais les frères et sœurs d'Hypérion et Théïa, jaloux de la beauté de leur  neveu et nièces les tuent.

Zeus les ramène à la vie et bannit les Titans dans le Tartare. 

Selene est donc sauvée par Zeus, son cousin… Rien n'était tendre et simple dans cette famille un peu particulière !!

Selene et Endymion eurent cinquante filles qui représentent symboliquement les cinquante phases de l'année lunaire et un fils Narcisse. Endymion avait obtenu de Zeus la jeunesse éternelle mais il dormait réveillé seulement par Selene pour leurs nuits d'amour…


  • Les trois autre toiles ont une unité de thème
Ce sont des scènes représentant des paysages où l'on devine des voyageurs  franchissant des rivières ou des mers vers des lieux apaisés.








Remerciements aux artisans et  entreprises intervenantes sans lesquels rien n'aurait été possible :
  • Entreprise de peinture et décoration Fromage, à Brioude
  • Atelier "Ann Lizarine" de Anne Elsener, restauratrice d'objets d'art, à Allègre
  • Joël Chabanon, Menuisier ébéniste à St Vidal
  • Denis Portal, électricien 
Remerciements aussi pour leurs conseils et encouragements :
  • aux services de l'UDAP du Puy en Velay, en particulier à Madame Anne France Borel, Architecte des Bâtiments de France
  • aux services de la DRAC de Clermont-Ferrand, en particulier à Monsieur Pierre Taillefer, Conservateur du Patrimoine 






Joël Lahaye, février 2021


samedi 25 janvier 2020

Histoire (s) de Cloître

Le 9 décembre 1790, l'inventaire des biens de l'Abbaye la décrit comme étant composée de deux corps de logis mais ayant une même entrée.
Le premier corps de logis est ce que nous appelons aujourd'hui le logis de l'Abbesse.
Le second logis est séparé du premier par « une espèce de cloître avec une galerie pour aller à l'église et communiquant à trois appartements » ; il s'agit probablement des appartements qui existaient  au dessus du réfectoire. Puis on accédait du cloître à  une cour et arrière cour à d'autres maisons. Les noms des occupantes sont cités : au total treize noms , dont celui de la dernière abbesse, Marie Charlotte Guérin de Lugeac, qui habitait la maison « ditte de labaye ».


Les documents et photos 
sont zoomables
LEs 13 chanoinesses habitent l'abbaye, trois appartements,
 une demeure en construction, et huit maisons...

 C'est le dénommé Vital Vidal qui achète l'ancien logis de l'abbesse, et le 29 mars 1808, Jean-Anthoine Lazinier, médecin  rachète cette maison « ditte de labaye, telle qu'elle se poursuit et comporte ».


Description de l'état ancien

Voici un très ancien plan cadastral encore en vigueur en 1925 : le numéro 116 englobe le cloître dans sa totalité. Il est intéressant de lire la légende sur la gauche et de visualiser sur le plan les différentes parties. On y voit notamment les passages menant d'un lieu à un autre tels décrits dans l'inventaire.



Le même plan est maintenant annoté par mes soins pour en faire la description :


  • On voit  bien que l'accès aux bâtiments se faisait par une seule entrée, comme indiqué dans l'inventaire. Le passage actuel a été créé à la fin du XVIII° siècle par la famille Vidal pour éviter les allées et venues dans sa propriété. La grille en fer sur la place a eté posée en 1927 par les Monuments Historiques. Ce passage s'est fait en perçant la façade à la place de la loge du portier. Quant à la grille ajourée en bois au bout du passage ouvrant sur le cloître, sa pose est beaucoup plus tardive (au moment de la restauration du cloître dans les années 1950) .

  • Sont photographiés l'encadrement en bois de l'ancienne porte du concierge et la voute par laquelle on accédait au cloître. Le passage actuel est au delà de ces taces du passé.







  • La cour du cloître et la partie couverte n'étaient pas séparés et formaient un seul numéro de cadastre, le 116, avec indication d'une surface de 00 h 03 a 35 ca (335 m2) et la mention de  propriétaires  « les acquéreurs du couvent ». De même sur un avis d'imposition de 1825, la parcelle 116 indique les « acquéreurs du couvent indivis ».


La légende cadastrale ci-dessous indique les Lazinier propriétaires pour les parcelles 116 - avec « les autres acquéreurs du couvent », des parcelles 117, 118 et 119.





  • Ces deux photographies de la fin XIX°, début XX° siècle, montrent la cour du cloître qui sert d'entrepôt pour le bois de chauffage et d'aire de battage à l'usage des propriétaires. Dans la galerie Lazinier, le linge est étendu (Il est dit que les moniales faisaient de même). Le long de l'église, une table de ping pong était installée et on jouait en famille et avec les amis.




  • Le réfectoire possédait des appartements à l'étage et dans la partie Lazinier se trouvait une maison et un four (ce que j'ai appelé « ancienne cuisine » sur le plan cadastral annoté par mes soins ).
                                                   


Cette photo et  ce très beau dessin au crayon (1924) montrent les appartements décrits dans l'inventaire au sommet du réfectoire. L'accès devait se faire par un escalier au niveau de la galerie sud du cloître.



L'ancien four


Le réfectoire aujourd'hui




  • Les anciennes maisons au nombre de huit se trouvaient entre le cloître et la rivière.




Le village est ici photographié en 1906 : le réfectoire avec les appartements à son étage et à proximité les anciennes maisons des moniales. Toutes ces maisons et édifices étaient entremêlés dans leur construction et formaient  la deuxième partie des bâtiments mentionnée dans l'inventaire comme étant « très irrégulière et mal distribuée ».

L'épisode de la tribune donnant sur l'église


Le 17 juillet 1858, un accord est trouvé entre l'ancêtre Lazinier, le curé et la municipalité à propos d'un balcon accessible de la galerie nord et surplombant dans l'église l'autel principal d'où l'abbesse et plus tard les Lazinier pouvaient écouter la messe (et les confessions d'après le curé) !

Cette tribune fut donc détruite pour effectuer les travaux nécessaires dans l'église. L'ancêtre Gustave Lazinier par cet accord et en remplacement de la tribune, a pu faire construire un oratoire grillé dont il eu la jouissance pendant 50 ans . Il donna aussi la place nécessaire pour construire une nouvelle sacristie.






 L'ancien oratoire muré. La grille est encore en notre possession.



 
La famille Lazinier photographiée dans le cloître.
Au niveau de l'angle des galeries, la nouvelle sacristie (photo début XX° siècle)


Les rapports de visite de l'architecte en  chef des Monuments Historiques Henri Nodet

A partir de 1913 jusqu'après la 1ère guerre mondiale, Henri Nodet écrit à son administration, au Prefet du Puy et au Ministère de Beaux Arts.


  • Ainsi le 24 février 1913 il alerte le Sous-Secrétaire d'Etat des Beaux Arts  sur la necessité de travaux : « J'ai l'honneur de vous faire connaître que j' ai eu aujourd' hui la visite de Monsieur Lazinier qui possède , indivis avec ses frères et soeurs la moitié à peu près du cloître de Lavaudieu. Je l'ai engagé à vous écrire pour demander l'intervention de l'Etat pour cette partie, dans les travaux de consolidation et préservation qui s'imposent... / Il m'a confirmé que c'est un marchand du Puy, le nommé Sahi qui a acheté en 1912 les deux colonnes à personnages pour la somme de 100 francs ». L'une de ces deux colonnes ornée d'une statue de Saint Benoît   fut achetée à un des propriétaires du cloître pour la somme de 50 Francs par le dénommé  Sahi , antiquaire au Puy en Velay, le même vraisemblablement qui acheta le torse du « Christ de Lavaudieu » en 1905 (voir notre article dans ce même blog).

Le Saint Benoit de Lavaudieu acheté par un antiquaire (photo illustrant le livre de George Paul, « La Vaudieu », Editions Watel, 1968)

En 1913, Henri Nodet donne les noms des sept propriétaires du cloître : Lazinier, Cournaire Roche, Cournaire Simon, Vally, Delaire, Darsat, Fayt.


  • Le 24 octobre 1919, il rapporte à la commission des monuments historiques les faits qui auraient pu aboutir à la disparition de 10 colonnes de la partie Est vendues 100 F pièce à M. Pages, antiquaire 14 rue St Lazare à Paris et destinées à « l'Amérique », en parlant de « rentrée en force de détrousseurs de monuments ».
Voyons ces mêmes faits décrits par Henriette Lazinier qui était aux premières loges, et qui, dans une lettre du 27 septembre 1919, apporte ce témoignage vécu au plus près.

Henriette écrit à son frère Gabriel. 
Lettre d'Henriette page 2

Lettre d'Henriette page 3


Lettre d'Henriette page 4
Nous vous laissons lire si vous le souhaitez cette lettre de quatre pages d' Henriette à son frère Gabriel, dont le contenu est fort explicite. Elle décrit ce qu'elle appelle « une affaire louche » et fait téléphoner dans un premier temps à la sous-préfecture qui prend selon elle peu d'intérêt à l'information, elle semble ne pas faire confiance à la mairie, puisque le frère du maire « entrera dans le marché », et elle pense que les « Beaux Arts  ne feront rien ». Elle est donc résignée ...
Toujours est-il que le démontage cessa, qu'un procès verbal fut dressé par la gendarmerie le 2 octobre 1919. Le vendeur et potentiel acheteur de colonnes ayant argué qu'ils ne savaient rien du classement aux Monuments Historiques, Henri Nodet écrit : « On savait que la famille Lazinier avait négocié en 1913 avec l'administration de Beaux Arts la reconnaissance du classement de la partie du cloître lui appartenant en vue de travaux à effectuer, on y avait vu à maintes reprises notre entrepreneur Boutaud qui était chargé de l'entretien, et on avait lu les articles de la presse locale déplorant la disparition d'une colonette avec statue vendue par un autre propriétaire en 1912 à un antiquaire du Puy (voir ma lettre du 24 février 1913) ».
En fait, avant 1914, il n'existait que des listes de monuments historiques pris en charge par l'Etat qui n'avaient pas grande valeur légale. L'ensemble de ces listes a été publié au Journal Officiel du 18 avril 1914, l'église et le cloître quant à eux sur une liste de 1862.


C'est pourquoi le 12 novembre 1919 le Préfecture de la Haute Loire notifie à Gaston Lazinier «  le classement du cloître proprement dit et des restes de la galerie supérieure ». On peut penser que les autres propriétaires ont reçu le même avis, ce qui en clair signifie qu'ils ne pourront plus vendre quoi que ce soit à autrui …


Comment a-t-il été possible d'arriver à cette situation ? Jusqu'avant la guerre, le cloître formait un tout cohérent et l'ensemble des propriétaires y trouvant une utilité, il restait à peu près en état, même et surtout s'il servait de lieu de stockage et de battage. A partir de la guerre, les occupants ont délaissé les lieux, les hommes étant partis à la guerre, et l'ensemble s'est dégradé et effondré dans certaines parties.


Sur cette photo, la partie sud de la galerie est effondrée. La partie "Lazinier" est intacte.

Ce qui a amené Henri Nodet à écrire le 3 mai 1920 que « la famille Lazinier, héritière d'une partie des galeries Nord et Ouest a seule, jusqu'ici fait quelques efforts pour la conservation de sa portion de cloître ».
A titre d'exemple, évoquons les péripéties qui ont conduit la famille Lazinier à participer à des travaux dans le cloître en 1921 pour la somme de 250F. L'architecte en chef Henri Nodet explique dans cette note du 18 avril 1921 au Directeur des Beaux Arts de l'époque les raisons pour lesquelles la famille Lazinier à refusé verser cette somme alors qu'elle avait donné son accord :



Le subvention Lazinier était conditionnée à la remise en état de la galerie ouest car celle-ci avait été démontée par erreur en 1918, alors que les Lazinier étaient absents de Lavaudieu, sans doute occupés par la guerre. Elle avait été remplacée par un simple toit arrivant au sommet des arcatures du cloître, ce qui empêchait l'accès à la galerie depuis la porte du logis abbatial !!



C'est bien ce que l'on voit sur cette photo de 1918  : la porte à gauche est barrée par le toit,
 à droite la fenêtre d'une pièce de la maison donnant sur le cloître



Une fois la galerie remise dans son état initial, les 250F de participation ont été versés comme l'atteste ce récépissé de paiement du 27 juin 1921.

De la même façon, on lit dans le Mémorial de la Loire et de la Haute Loire du 14 septembre 1926 : " Les bâtiments du monastère de Lavaudieu ne sont pas conservés comme ils le méritent. Ils sont divisés entre un certain nombre de propriétaires et la seule partie qui soit préservée est celle qui appartient à M. Lasigné. " . Dans ce même article est évoqué également le rôle de l'architecte Henri Nodet.


On peut dire, sans prétention, que les Lazinier sont pour beaucoup dans la préservation du cloître. Sans eux, il n'existerait vraisemblablement plus de nos jours. Leur présence et l'entretien de leur partie à permis de suppléer à une coordination difficile de l'Etat comme le souligne Henri Nodet, ce manque est lié certainement aux événements de la Grande Guerre. Les préoccupations de l'époque étaient sans doute plus sérieuses et urgentes.

Vers 1923, L'Etat a acheté, au profit de la commune, la propriété Fayt dans la partie Est et a fait construire à l'emplacement de l'ancienne salle capitulaire la sacristie de l'église. Le 19 avril 1932, le réfectoire est classé monument historique.
De 1932 à 1937 les anciennes maisons des moniales, le four, l'ancienne cuisine Lazinier s'écroulent un peu comme un château de cartes, car les structures étaient liées, et il n'y a pas eu de volonté de l'Etat pour intervenir. Les Lazinier avaient pourtant alerté l'Etat sur l'urgence et demandé une aide restée sans réponse pour la maison et le four dans le jardin de l'abbesse.
Il en va de même pour les appartements au dessus du réfectoire. Cette photographie de 1940 en montre l'état : ils ont déjà commencé à s'écrouler.

Les appartements au dessus du réfectoires sont sur deux niveaux

En  1940,  l'Etat achète le solde de la partie Est, de la partie Sud et du réfectoire ; de 1946 à 1950,  l'Etat entreprend la restauration des parties nouvellement acquises...

 Pour cet article, nous nous arrêtons là, mais l'histoire n'est pas terminée, bien sûr, et elle se vit encore de nos jours.



Par cette porte, on accède du logis abbatial à la galerie du cloître


Notes :
-  Henriette Lazinier, Gabriel Lazinier, Gaston Lazinier, Julien Lazinier étaient frères et soeur ; Gabriel , né pendant l'hiver 1876 à Lavaudieu dans le logis abbatial était le grand-père de Béatrice.
- Les photos et documents sont zoomables et réalisés à partir de pièces en notre possession.



Joël Lahaye, Lavaudieu, février 2020